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Hebel-Gedichte - deutsch und französisch | ||||
Der Bettler |
Le mendiant |
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Un vieil homme, un pauvre vieux, il vous demande la charité. Un bout d’pain, si vous avez, soyez pour moi généreux ! Eh oui, à la grâce de Dieu ! — Je suis né pauvre et sans abri, il pleuvait toujours où c’était mouillé, pauvre et p’tit mendiant, j’ai grandi dans la rue où c’était toujours mouillé. Et puis en âge déjà et qu’les parents n’étaient plus là, me suis dit : plutôt mourir en soldat que vivre de pain qu’tu mendies. Noire et pluvieuse était la nuit à monter la garde près tente et fanion de Laudon, en Corse, j’étais dragon dans les troupes de Pasquale Paoli, me battais comme un homme vraiment, sabre et baudrier rougis de sang. J’avançais sous les feux de l’artillerie, sur les vingt champs où j’ai bataillé, soldat plein d’bravoure et d’loyauté, entre charges et boulets d’canon, j’n’ai pas péri. Corps et membres rompus, je n’ai plus servi, c’est grande pitié, me revoilà miséreux ! Eh oui, à la grâce de Dieu. — Viens, pauvre homme, j’t’en prie ! Sers-toi de c’que j’ai ici. Et fasse Dieu ton infortune plus légère et te console en attendant jours moins amers. — Que Dieu te l’rende, qu’Il te comble d’bienfaits, jeune ange au teint vermeil et frais, et qu’Il t’accorde un gentil mari ! Qu’as-tu à m’regarder ainsi ? Aurais-tu un p’tit ami bivouaquant au loin, l’épée au fourreau et le cheval hennissant. Que Dieu t’épargne chagrins et coups du sort, qu’il conduise ton promis à bon port et qu’il te le ramène bientôt point abîmé ! Ils s’battent à Mantoue comme des enragés. J’ai d’quoi raconter là-dessus, si tu m’en pries. T’es toute pâle, qu’as-tu à m’regarder ainsi ? Bon, d’accord, j’raccroche ma défroque de mendiant, je m’enlève la fausse barbe grise, un instant ! Et alors, qui est-ce tu vois ? Tu m’reconnais pas ? Seigneur, faites que je sois l’bienvenu là ! — Doux Jésus, c’est Friedli, mon Friedli qu’est revenu ! Bienvenu, bienvenu, bien sûr que j’t’ai reconnu ! Tu m’étais si présent, tu m’accompagnais sur les prés fleurant bon, dans les forêts ombragées. Lourde de soucis, j’te suivais entre charges et boulets d’canon, espérant et peinée, et pleurais et priais. Dieu m’a exaucé, m’a rendu mon Friedli, me l’a épargné. J’ai l’cœur qui fait boum, chuis folle de joie ! Maman, maman, viens vite, mon Friedli est là !
Französische
Bernard Gillmann *1951 Saverne, wohnt in Strasbourg |
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